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Réforme des collectivités : ne pas confondre proximité des élus et démocratie de proximité.


serpentAvec le discours de politique générale du nouveau Premier Ministre, Manuel Valls, a ressurgi brutalement le serpent de mer de la réforme des collectivités territoriales : division du nombre de régions par 2, disparition des départements d’ici 2017. En d’autres temps on a connu les socialistes bien plus réservés sur la question, voire même totalement opposés à toute tentative de réforme comme celle de l’intercommunalité récemment.

Depuis lors, dans la majorité gouvernementale, les élus locaux socialistes ont mangé leur écharpe tricolore : redécoupage des cantons, retour à la charge sur l’intercommunalité et demain suppression des départements et fusion des régions. Heureusement que Nicolas Sarkozy n’est pas à l’origine de ces propositions impies, la gauche bien pensante l’aurait brûlé en place publique pour hérésie.

Si l’on peut soupçonner à juste titre la grosse ficelle de communication (tant que les élus défendent leur marigot, ils n’embêtent pas grand monde) la question demeure fondamentale sur le fond.

–          Il est clair qu’une clarification des compétences et une mise en cohérence des territoires est indispensable, et personne véritablement ne le nie. Chacun d’ailleurs le justifie pour le voisin tout en étant beaucoup plus nuancé à son propre propos : on a vu en Livradois se développement des argumentaires surréalistes autour des bassins de vie, de la nécessaire proximité : tout juste s’il ne fallait pas retourner à la seigneurie féodale, ce qui aurait été plus clair pour un certain nombre de baronnets – pardon, conseillers généraux – locaux qui se sentaient déposséder de leur fief.

–          Où cela coince-t-il ? Au final la réponse semble assez simple de mon point de vue : si chacun est convaincu de la nécessité de la réforme tout en s’évertuant à la repousser chez lui, c’est parce que les élus locaux ne VEULENT pas de cette réforme ; c’est d’ailleurs la cause de tous les échecs de ce type de réforme depuis au moins 1969. Quand on rencontre des élus d’autres territoires – si, si, certains élus locaux passent par-dessus les montagnes pour aller voir leurs voisins – ceux-ci sont stupéfaits de découvrir 7 communautés de communes pour moins de 27 000 habitants…

–          Aussi, chercher à convaincre au nom des économies, de l’efficacité ou de la modernité est inévitablement conduit à l’échec. Il y aura toujours un exemple un argument de plus ou moins de bonne foi pour que « … oui, MAIS pas ici monsieur… », voire un argument politique binaire : c’est une réforme de droite ou de gauche, mais jamais celle du bon camp. Inutile donc de perdre du temps à chercher à persuader celui qui de toute façon ne le sera pas.

o   Alors que faire ? C’est simple : partant du principe qu’on ne pourra pas obliger à voir celui qui ne veut pas voir il faut renverser la question : demander aux « résistants » comme ils peuvent faire aussi bien divisés que rassemblés. Ils seront dans l’incapacité totale de le faire et encore plus face aux évolutions actuelles ! Explosion des frais de fonctionnement, limites administratives inadaptées, échelle des projets bien supérieure à celle des territoires administratifs. Il faut d’ailleurs une bonne dose de mauvaise foi pour défendre son fief et solliciter le voisin pour un projet subitement devenu d’un « intérêt supra-communautaire ».

o   Bien plus, le renversement du questionnement met en lumière la seule vraie raison à ce maintien d’un maillage territorial trop petit : il crée un échelon de décision qui échappe au contrôle des citoyens, la réunion des présidents de communauté de communes qui décident ensemble, charge à eux de « faire passer la pilule » à des conseillers communautaires élus directement désormais à qui on explique « qu’il n’y a pas le choix », « que les autres se sont engagés »…

o   Ainsi, sous couvert de la défense des intérêts locaux, ce sont en fait des intérêts biens peu collectifs qui sont protégés : ceux d’une oligarchie qui ne tient pas trop à ce que l’on vienne décider à sa place. Comment s’étonner ensuite du désintérêt des citoyens pour la vie de la cité ?

L’urgence est donc de franchir le pas en ayant en tête de manière obsessionnelle la présence au plus près du citoyen dans la prise de décision, ce qui est souvent antinomique de la proximité d’un élu « protecteur », pour ne pas dire « parrain » à qui on délègue naïvement le soin de vous protéger contre l’extérieur.

Sortons donc très vite de cette vision féodale et replaçons les citoyens au cœur du processus de décision ? C’est cela, la vraie réforme territoriale de proximité.

 

8 réponses à “Réforme des collectivités : ne pas confondre proximité des élus et démocratie de proximité.

  1. La réorganisation de nos institutions territoriales : voilà un PROJET d’importance, relancé à la surprise générale par notre nouveau premier ministre. La surprise passée, il faut s’engager dans ce débat avec la volonté de le conclure dans l’intérêt des citoyens. Je pensai après cette dernière campagne municipale mettre fin à une vie publique commencée en 1967 (élection législative) et me mettre en marge de l’action militante. Eh bien non, la proposition de Manuel Valls m’apparaît d’une telle importance et tellement conforme à ce je crois utile pour notre pays que je ne peux rester en marge. Comme Michel l’indique les réticence « des nantis » (élus de tous poils et de tous bords), accrochés à leur fauteuil et aux quatre sous (largement majorés du cumul des mandats) vont monter au créneau au nom de la démocratie de proximité.
    Nous reviendrons plus au fond pour faire part de nos propositions à partir d’un vécu d’élu local et régional.
    A bientôt donc sur un sujet passionnant.

  2. Surtout, espérons que l’on nous mettra avec Rhône Alpes, pourvu que l’on ne ressorte pas cette idée d’un grand Massif Central avec le Limousin, la Lozère et l’Aveyron, comme  » partenaires de pauvreté « , ce serait du  » cyanure » pour la survie du Livradois, ainsi excentré ! Tout ce qui se ferait serait situé autour de cette zone déjà plus que nantie du Sancy, d’Aurillac, de Montluçon – Guéret, donc, plus rien pour nous, alors que dans l’hypothèse Rhône – Alpine, la liaison avec la Région Urbaine Lyon Saint Etienne (RULSE), deuxième pôle économique français… après Paris, avec ses trois millions d’habitants, serait beaucoup plus salvatrice pour nous !

    • Encore faudrait-il qu’il y ait d’ores et déjà un vrai partenariat entre la Loire et le Puy-de-Dôme pour faire le lien, une vraie route qui désenclave la vallée par l’Est, et dont je suis persuadée que c’est au top des priorités du département de la Loire et de la région Rhône-Alpes… Sérieusement, le jour où les routes seront déneigées au delà des Limites, on en reparlera. Vous parlez de zone nanties côté Puy de Dôme, mais vous imaginez que les régions encore plus nanties des Alpes et de Lyon-St-Etienne viendront s’intéresser aux marches auvergnates ? Regardez ce qui s’est passé avec le TGV : tout pour St Etienne (pour délester Lyon), rien pour Clermont, et je ne parle pas d’Andrézieu // Aulnat. Or, la route pour aller à Clermont est beaucoup mieux entretenue, plus pratique, plus sûre, que celle qui mène dans la Loire ! On ne s’est pas demandé lors de ces arbitrages ce qui serait le mieux pour l’aménagement de notre territoire ! Donc la vallée d’Ambert sera de toute façon marginalisée parce que l’Auvergne toute entière sera marginalisée dans un tel ensemble. Et je ne parle pas du mépris des gens des Alpes pour les « montagnes à vaches », et quant à Lyon…
      Et enfin, chacun sait que les échanges entre Rhône-Alpes et l’Auvergne passent par la vallée d’Ambert, et non par l’autoroute qui relie Ambert / Thiers / St Etienne / Lyon… Franchement, la liaison avec RULSE passant par une route pourrie qui ne sera jamais refaite (surtout quand on voit les ridicules aménagements qui ont été faits ces dernières années), vous y croyez vraiment ?
      A mon sens, non seulement le Livradois n’y gagnera rien du tout, mais l’Auvergne tout entière risque d’y perdre aussi, parce qu’être aux marches d’une région qui est déjà de taille européenne, c’est n’être vraiment pas grand chose.

  3. Merci Lucie, pour votre contradiction, rassurez vous, je ne voulais blesser personne, mais simplement évoquer (encore une fois !…) un coup de coeur lié à cette époque fondamentale où Ambert et le Livradois se développaient dans le cadre d’une influence lyonnaise (papier, imprimerie, etc…). A Marsac, on se plaignait de ne pouvoir circuler à cause du trafic occasionné par les marchands lyonnais. Depuis la création du département du Puy de Dôme, vers 1791, Ambert ne cesse de chuter, car Clermont n’a jamais voulu de nous. Depuis 30 à 40 ans, trois sous – préfectures sur quatre sont reliées à Clermont par autoroute, l’arrondissement d’Ambert n’a toujours pas le moindre centimètre de quatre voies. Si on réalisait 10 kilomètres de quatre voies via Chemintrant, sans Paillanges, depuis la frontière (vive l’Europe!) avec la Loire, elle viendrait à Meneyroles au moins, et de l’autre coté, il y a maintenant quelques années, Bernard Fournier, ex vice président du CG 42 chargé des routes, Sénateur Maire de St Nizier de Fornias et ancien président de la CC du Pays de Saint Bonnet, avait posé la question, à notre Jean Yves Ambertois, après réalisation du pont à 4 voies sur la Loire, à trente kilomètres d’Ambert, à vol d’Oiseau, où devait passer la 4 voies, après Saint Marcelin en Forez, St Anthème ou Viverols ?
    Ou en est – on ?

  4. Merci également pour cette précision M. (ou Mme?) Molimard, c’est très instructif ce que vous dites. La 4 voies Ambert / Clermont a été promise pendant des années (j’en ai toujours entendu parler, et je ne suis pas un canard de l’année…).
    Il y a clairement eu une force d’inertie à l’œuvre mais on ne peut pas blâmer le seul département, je pense que les responsabilités sont assez partagées, et qu’Ambert en porte aussi une partie (peut-être parce que, comme vous l’expliquez, elle était tiraillée entre deux pôles d’attraction ?).
    Mais bon, vous l’aurez compris, mon cœur va plus vers le Massif Central car je pense que les besoins en développement et aménagement sont plus similaires et concordants qu’avec Rhône-Alpes. Mais c’est juste mon point de vue !

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